Nathan Carême
Je suis de ces enfants qui ont grandi en cité H.L.M : ces endroits de ciment paysagé où tout est tout droit et radieux. Plus tard, j’ai vu ces grands ensembles s’évanouir dans la poussière. Par-dessus les gravats, on érigea d’autres masses de maisons identiques encadrées de rues courbées. Cette dureté m’embourbait alors je fuyais l’intérieur. Dehors, je jouais dans les carcasses armées des chantiers. Les constructions formaient alors des mille-feuilles de béton. Empilés, ces espaces vides, sans cloison ressemblaient à des openspaces. Je faisais partie des coulisses : ces espaces en devenir ; futurs 60 mètres carrés qui allaient précipitamment calfeutrer mes prochains voisins. Au pied de chacun des bâtiments, il y avait ces espaces publics, verts : cette nature imitée qui croît à l’ombre du béton.
La cité est source d’images de formes et de mouvements, j’y déplace mon corps et mon regard. J’observe une agglomération de volumes moulés et de vides terrassés, d’ordres et de désordres, de reliefs et de plats qui subit des destructions, des chutes, des constructions et reconstructions. Elle forme un corps qui se compose et se décompose. Cependant, cet agglomérat malléable tend à durcir. Il est le lieu de la rébellion et du contrôle. Un bunker géant aux portes condamnées. J’aimerais, alors, voir l’espace public comme un espace ouvert, une sculpture plate, déployée à l’horizontale plutôt qu’à la verticale, sans gratte-ciel et sans démesure.

Né en 1997, vit et travaille à Dijon, France. Après des études d’agriculture, de paysage et d’urbanisme il obtient en 2020 son DNSEP avec les félicitations du jury à l’École Média Art du Grand Chalon puis poursuit ses recherches au sein du programme Post-BC.

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